mercredi 13 décembre 2023

Nostalgie permanente / Zombis partout justice nulle part

(Une fois n’est pas coutume, un petit billet d’humeur)

Un nouveau Lucky Luke par Blutch, un nouveau Marsupilami par Frank Pé, un nouveau Gaston par Delaf, un nouvel Astérix par FabCaro et Conrad,... une fin d’année marquée par les resucées de personnages de BD plus que cinquantenaires, qui prennent toute la place dans les médias, et beaucoup de place en librairie. 

J’y ajouterais car ils sont parus cette année l’album des Schtroumpf par Tebo et le Blake et Mortimer dessiné par Floc’h (et allez, double, non, triple nostalgie : pour continuer l'oeuvre d'un des années 50, on va chercher un auteur des années 80, qui a fait carrière en pastichant le style du premier, vertigineux, non ?).

En ces temps de surproduction et de crise, les grosses maisons rassurent leurs investisseurs en misant sur la nostalgie, le “à la manière de” et le pastiche. On appelle ça des valeurs sures. Cette tendance de la grosse cavalerie n’est pas nouvelle, mais elle prend des proportions caricaturales, et me donne la nausée. 

Aussi parce que tout le milieu joue le jeu et se précipite sur la vache à lait de la référence et du clin d’oeil. Je n’ai même plus envie de mettre le nez dans les librairies, a fortiori les librairies de bande dessinée. Même plus envie d’ouvrir un magazine spécialisé (déjà que).

C'est très comparable à Hollywood, qui se recycle en permanence via les suites, les préquelles et les spin-offs. Quand un domaine culturel s'auto-digère de cette façon, pour moi c'est signe qu'il est déjà mort, qu'il n'a plus rien à dire. Ou que le seul truc qui lui reste à dire c'est "raaaah je ne suis pas mort". 

Sauf que cette agonie prend une place énorme, elle s'étire depuis des années, elle est un (autre) gâchis énorme d'énergie, de talent et de fric. Et elle assoit son gros cul bien gras et bien visible là où des oeuvres originales tentent désespérément d'exister.

Ah, si le nouveau Gaston garanti 100 % sans Franquin pouvait se ramasser la gueule bien comme il faut, si le Lucky Luke 100 % pur auteur estampillé indé pouvait descendre en-dessous des 100 exemplaires vendus, si le Astérix 100 % pur jus de rigolo alternatif pouvait se prendre 80 % de retours, je crois que je me paierais une bouteille de champagne, tiens, du bon. Pas un succédané.

Mais je vous rassure ça ne sera pas le cas, et moi de mon côté, je vais de nouveau pilonner 5 palettes d’invendus de Flblb, soit environ 5000 exemplaires. Une paille, comparé aux tirages faramineux des chefs-d’oeuvres suscités (d’ailleurs une partie de ces tirages finira sans doute elle aussi au pilon).

Bon, j’arrête, c’est pas bien toute cette aigreur à deux pas des fêtes de fin d’année.

Pour finir je reposte une bande dessinée que j’avais publiée en 2012 sur le site 100jours2012 (cliquez dessus pour agrandir), et qui fait partie de mon recueil Zioum Tchabada Tchou Tchou. Elle n’a pas perdu de son actualité, et augure du bel état de dépression dans lequel je serai après le prochain festival d'Angoulême.


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